Des “Taser” pour les policiers municipaux
Michèle Alliot-Marie devrait autoriser les policiers municipaux à se doter de pistolets Taser, déjà utilisés par la police nationale. Cette arme qui permet de neutraliser un délinquant en lui envoyant une décharge électrique suscite la controverse. Ses détracteurs parlent de risques de décès alors que ses défenseurs estiment au contraire que le Taser évite les bavures. Pour le criminologue Alain Bauer, son utilisation devra être encadrée.Une arme présente dans 72 pays. Après la police nationale, la police municipale pourrait être autorisée à utiliser le Taser X-26, un pistolet à impulsion électrique. L’information, révélée par le quotidien Le Monde, devrait être officiellement annoncée par Michèle Alliot-Marie le 11 octobre prochain lors d’une réunion avec l’Association des maires de France (AMF). Le décret du 24 mars 2000, qui excluait jusqu’ici de l’équipement des policiers municipaux le Taser, arme classée en 4e catégorie au même titre que le fusil a pompe, sera ainsi modifié.
Cette décision relance le débat sur l’utilisation de cette armée très utilisée aux Etats-Unis et désormais présente dans 72 pays. Pour ses détracteurs, cette arme n’a rien de dissuasive et peut tuer : “Un rapport d’Amnesty International fait état de la possibilité directe ou indirecte de 200 décès aux Etats-Unis. En France, il y a eu des accidents. Rien ne prouve qu’on puisse être rassurés” dénonce Olivier Besancenot sur RTL. Le leader de la LCR est actuellement poursuivi par Taser pour ses déclarations contre le pistolet. Pour le criminologue Alain Bauer, il est vrai que des décès ont été constatés mais il s’agissait de personnes ayant eu une insuffisance cardiaque et des problèmes médicaux.”Ce n’est pas une arme inoffensive”Car pour les défenseurs du Taser, ce pistolet est au contraire une arme permettant d’éviter de tuer un délinquant. “Ce n’est pas une arme inoffensive mais c’est moins dangereux qu’une arme à feu” explique Alain Bauer sur RTL. Jean Valente, vice-président du syndicat Union nationale des agents de police municipale, parle d’arme dissuasive : “Il va éviter des dommages. Lors d’une bagarre, un policier peut prendre des coups ou tirer un coup de feu s’il est débordé” a-t-il expliqué sur RTL. Un avis partagé par Alain Kélior, le maire de Emerainville en Seine et Marne. Il avait équipé ses policiers de Taser en 2005 avant que le pistolet soit classé en arme et il attend avec impatience de pouvoir les réutiliser : “C’est mieux pour le délinquant car ça doit éviter des morts. Entre un énorme trou dans le ventre et une paralysie de deux minutes, que choisissez-vous?”.
“Je suis très opposé à ce que les policiers municipaux aient des armes à feu et l’introduction du Taser est un outil intermédiaire et une évolution raisonnable” ajoute Alain Bauer. Mais pour le criminologue, le Taser ne doit pas être utilisé n’importe comment au risque de devenir aussi dangereux qu’une arme à feu. Il explique sur RTL qu’il ne faut pas avoir la tentation d’envoyer plus d’une décharge comme aux Etats-Unis où les policiers sont “persuadés que ça ne peut pas tuer”. Pour Alain Bauer, la diffusion plus large du pistolet Taser en France devra s’accompagner d’un contrôle de son utilisation.
Julien Mielcarek